dimanche 22 mars 2020

Nous voici donc confinés





Daniel Pommereulle - Sans titre - 1991 - Technique mixte sur papier 






Nous voici donc confinés dans les confins

Cela fait plus de silence encore

Il nous faut une autre écriture, comme si on partait faire le tour de la planète

Comme si on allait croiser de nouveaux yeux, levés sur le fil de la rivière

Ou contemplant la mer revenue à sa première vague

Il y a un paysage dans les méandres du cerveau la cartographie d’une attente inconnue

Des oiseaux qui s’ennuient s’appelant les uns les autres

Des hommes disent que c’est la guerre on voit bien qu’ils ne mesurent ni le poids des mots ni les formes de la mort

Ils devraient dire que c’est la chanson du monde quand il devient inquiet

Que c’est l’homme qui a mal à l’homme

Le silence d’aujourd’hui c’est celui de la liberté qui étouffe

Celui des femmes dont les bras sont des fleuves d’amour

Celui des hommes dont les yeux rêvent de s’ouvrir aux confins

Notre silence est d’un calme infiniment plus grand que le bruit des fureurs guerrières

C’est la nuit qui hésite entre blanc et noir

Ce sont les mots qui bientôt exigeront auprès de la réalité tous les laissez-passer pour eux-mêmes

Donnons-nous rendez-vous sur le bout de la langue

Là où les étoiles font naître les galaxies



                                                   22 mars 2020   P. V.

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