lundi 27 avril 2020

Le procès de Monsieur Boum-Boum




L'enlèvement de Ganymède, Odilon Redon
Fondation Bemberg




                  Le procès de Monsieur Boum-Boum



— Bonjour Messieurs, bonjour. Nous voici réunis dans cette pièce pour tenir quelques rôles qui se révèleront peut-être assez vite injouables. C’est que la trame de cette histoire se perd dans la nuit des temps, qu’elle nous met en cause autant que le personnage principal qui ne cesse de nous échapper, alors que nous espérons bien le traduire en justice et lui demander des comptes à propos de sa manière de conduire certaines affaires qui nous concernent au plus haut point, tout autant que lui-même.
— Le problème, Monsieur le Juge, c’est que l’inculpé n’est pas là. Il va donc être très difficile de l’interroger.
— C’est la raison pour laquelle je vous ai tous convoqué ce matin, à six heures, ce qui peut paraître anormalement tôt, mais croyez-moi, la journée sera longue tant nous avons du pain sur la planche, et longue probablement comme un jour sans pain, et même sans planche car nous ne savons pas quoi exactement reprocher à l’accusé absent.
— La première chose, qui est proprement scandaleuse, c’est son absence. Quel manque de respect pour la justice, la noble Justice humaine.
— Soyez tout à fait persuadé, Monsieur l’Avocat Général, que je partage entièrement votre sentiment, et c’est donc ce premier point que nous allons tenter d’éclaircir. Quelle est l’identité précise et complète du prévenu, si du moins il a été prévenu ?
— A-t-il été prévenu, ça je n’en sais rien, mais il devrait tout de même le savoir. Tout le monde est au courant.
— l’argument me paraît imparable.
— Il n’y a donc que deux possibilités. Soit le prévenu est sourd, soit il fait le sourd. La deuxième hypothèse me paraît la plus plausible, surtout lorsqu’on connaît son nom…
— Ah, vous le connaissez donc ?
— Bien sûr, comme tout le monde, comme vous, comme les Français, les Russes, les Chinois, les Angolais et les Indonésiens, il s’agit évidemment du célèbre…
— du célèbre…?
— Allons, ne faites pas l’enfant, Monsieur le Juge, du célèbre Monsieur Boum-Boum !
— Connais pas, jamais rencontré, jamais vu, inconnu au bataillon de la justice humaine. Cela ressemble plutôt à un sobriquet. Avez-vous d’autres informations, disons, un peu plus classiques ? Nom, prénom, date de naissance, nationalité réelle ou supposée, enfin du concret.
— L’enquête ne précise pas ce genre de détails, apparemment. Il semblerait que Monsieur Boum-Boum soit à la fois partout et nulle part, plus invisible que visible, ne faisant parler de lui qu’en de rares occasions, tantôt frappant les mémoires ou les imaginations, tantôt racontant des histoires que personne ne croit, le plus souvent voyageant à travers le temps ou l’espace, mais n’ayant guère d’adresse où on puisse le joindre.
— Mais, dites-moi, c’est un drôle de paroissien que vous me dépeignez 
là !
— Paroissien, Monsieur le Juge, le mot est bien trouvé, quoiqu’un peu vieilli, mais il est la preuve de votre perspicacité toujours aussi vive, ce qui n’est pas pour m’étonner.
— Bon, ça va, cher vieux renard, je vous connais. Dites-moi plutôt quel mauvais vent vous amène ?
— C’est que tout le monde se plaint, depuis très récemment, de Monsieur Boum-Boum qui semble décidé à créer un bazar total dans les activités humaines de nos chers Terriens de toutes les couleurs et non des moindres.
Et loin de se montrer intéressé le moins du monde par les conséquences de son manque de sérieux actuel, Monsieur Boum-Boum est parfaitement introuvable. Il fait celui qui n’existe pas, ne répond ni au téléphone ni aux appels désespérés des chefs d’états même légitimement élus. Lâchement, on dirait bien qu’il pratique une sorte de grève illimitée, qu’il s’est mis aux abonnés absents. Bref, il fait le mort.
— Ce n’est pas possible, c’est bien la première fois qu’on me joue un tour pareil. Me faire ça à moi, prétendre me démontrer que les absents ont toujours raison… Ne nous échauffons pas trop la bile. Raisonnons calmement.
Donc ce monsieur, ce monsieur l’Innommable, prétend être intouchable alors qu’il est responsable des pires désordres sur notre bonne vieille planète. Ce toupet me fige les franges, ça ne va pas se passer comme ça. Ah non alors. Ah non alors. Ah non, bon, ça suffit, je commence à vieillir. Amenez-le moi, il va voir de quel bois je me chauffe. Avocat Général, faites votre travail, on ne peut pas vous payer à ne rien faire !
— Mais, Monsieur le Juge, je crains que vous n’ayez pas bien compris, le prévenu est introuvable. Notre mission est de le retrouver, mort ou vif, de le juger selon des normes qui restent à définir, de le rôtir éventuellement si nécessaire, de le faire parler, quand bien même il n’aurait rien à dire, de l’obliger à rendre compte de son complot contre nous, de lui arracher un à un tous les poils de ses oreilles deux par deux, puis de le condamner à mort pour la vie et l’éternité, etc…etc…
— Ah comme vous y allez, attendez, pour l’instant vous condamnez les courants d’air. L’inculpé n’est pas là, quelqu’un peut-il me dire ce qu’on lui reproche exactement. Vous, Maître, qui êtes son avocat commis d’office, exposez-nous brièvement les faits.
— C’est-à-dire, Monsieur le Juge, c’est assez compliqué. On dirait que les hommes, dès qu’ils mettent le nez dehors, tombent comme des mouches, qui dans son mouchoir, qui dans sa salade, qui sur son propre nez, qui sur la femme du voisin, qui du neuvième étage, qui sur un os qui ne lui appartient pas, qui se met à neiger, qui…
— Bon, qui, qui… Vous êtes vraiment Maître Kiki, vous n’êtes qu’un pronom très relatif, charmant certes mais assez vague. D’où vient cette hécatombe qui, j’espère, ne me tombera pas dessus ? Et quel rapport, je vous prie, avec Monsieur Boum-Boum ?
— Je pensais que c’était justement pour établir cela que vous nous aviez réveillés de si grand matin, sinon croyez bien que j’aurais continué de sucer mon pouce en silence sans troubler l’ordre public. Grâce à tous les moyens actuels de traçabilité qui sont à notre disposition, nous avons pu remonter la filière jusqu’à mon client, que d’ailleurs je ne connais pas. Il semblerait que Monsieur Boum-Boum, à l’occasion d’un récent voyage dans notre atmosphère céleste, se soit pris d’une importante quinte de toux et, qu’au lieu d’éternuer dans son coude comme il le recommandait à tous, se soit soulagé pissant en l’air et sans retenue des nuées de Covid 19 aussi peu catholiques ou athées que voilà. Voilà, voilà… Mais était-ce vraiment une raison pour nous convoquer si tôt ?
— Maître Kiki, je vous dispense de vos commentaires, vous ne faites pas la loi ici. Je retiens de votre exposé les points essentiels : vous ne connaissez pas votre client qui lui-même s’ignore. Atteint d’une incontinence grave, ce voyageur pollue sans vergogne une atmosphère qui ne lui appartient pas en y déversant des particules non nobles, dont même un parapluie de grande taille ne protège que très partiellement. Il n’a produit aucun document officiel ressemblant de près ou de loin à une attestation de sortie ou d’entrée sur le territoire, ce qui est d’ailleurs tout à fait normal puisqu’un tel document n’existait pas et restait à inventer. Eh bien, je peux rassurer tout le monde, c’est chose faite. Tout peut circuler, comme on disait jadis. Quelqu’un a-t-il quelque chose à ajouter ?
— Oui, moi, se répondit à lui-même le Juge. Quelqu’un d’entre vous se serait-il déjà retrouvé au beau milieu d’une nuée de Covid 19 ? Laissons la parole à la science de façon à entendre une voix inaudible au profane, sincère et véritable, non ecclésiastique, résiliente et élastique. Y a-t-il un médecin, si possible au minimum Professeur, dans la salle ?
— Puisque vous sollicitez un avis autorisé, Monsieur le Juge, permettez-moi de me présenter. Je suis le Professeur Blouzatrou, spécialiste de la reprise du pied droit et de la science-tendance socialiste, ce qui constitue un curieux assemblage qui devrait nous conduire sans coup férir à la victoire. Le Covid 19 est ainsi nommé parce qu’il date du 19ème siècle, qu’il a fait une première apparition en 1919, puis une seconde en 2019, ce qui explique que nous sommes en 2020. Son éradication totale est prévue pour 191919, ce qui nous laisse du temps, à moins que nous soyons pris de court, la science n’étant  pas, en ce sens, prédictive, sauf chez les charlatans. Quant à Covid, son origine remonte à Goliath qui lui asséna un premier coup de massue qui le fit passer de David à Covid, ce qui n’empêcha pas Goliath d’être ratatiné en fin de course. L’idée globale est qu’on a beau être tout petit on peut toujours réussir à avaler un plus gros que soi. Toutefois, comme vous le savez tous dans l’enceinte de ce tribunal, il n’y a pas de loi et c’est parfois le plus gros qui gagne, malgré la désapprobation générale.
— Je vous remercie, Professeur Blouzatrou, pour ces éclaircissements étymologiques et chevaleresques qui n’ont pas noyé le poisson de notre recherche de la vérité. Ainsi donc, malgré les nombreux impôts que nous payons tous de gaieté de cœur, vous n’avez ni chaussures ni chaussettes ni masques ni carnaval ni gants ni même moufles ni aspirateurs ni respirateurs ni inspirateurs ni expirateurs. Je vous conseille de prendre directement contact avec l’avocat Kiki, mon cher professeur Nini, afin d’étudier ensemble les principaux moyens de vous enrichir honnêtement sur le dos du virus enfin devenu solitaire.
— Si vous le désirez, je puis néanmoins vous faire une leçon inaugurale que j’ai déjà intitulé « Ordre et désordres chez le coronavirus obèse à la solde des puissances étrangères » qui vous fera mieux comprendre le rôle à la fois prosodique et doublement magique de Monsieur Boum-Boum, ci-devant absent et pourtant homme de l’ombre. Il serait bien sûr vain de remonter à l’époque protohistorique…
— Certes, certes, mon cher Professeur, je ne doute pas que vous en connaissiez un rayon à l’oblique infini sur la naissance et les destinées des virus, viri, virii 16, 17, 18, 19 que vous numérotez comme nous les papes, mais je vous rappelle que nous devons en avoir fini avec cette affaire d’ici ce soir minuit selon l’adage « Justice juste se rend chaque jour et sans rendez-vous ».
— Scientifiquement parlant, Monsieur le Juge, il m’est difficile de me taire. Je tiens néanmoins à vous faire savoir que nous ne savons rien, à l’heure où je vous parle, mais que dans une heure nous en saurons certainement davantage. La prudence de la science se calque sur celle des Sioux et quand on sait ce qu’ils sont devenus, il vaut mieux ne pas le savoir. Toute imprudence risquerait elle aussi d’être mortelle, c’est pourquoi je puis affirmer scientifiquement-tendance socialiste (car nous sommes de grands humanistes) que la responsabilité de Monsieur Boum-Boum est colossale dans cette affaire, colossale et vertébrale.
— Hélas, Professeur Blouzatrou, c’est pourtant sur vous que reposent tous nos espoirs, au risque de s’y endormir. C’est que le Sieur Boum-Boum a la curieuse manie de se volatiliser. Certains prétendent l’avoir entendu rire jaune lors de son dernier coup d’éclat, d’autres parlent d’un rictus diabolique plutôt noir, je ne puis m’appuyer sur de tels témoignages, aussi décolorés soient-ils. Il n’y a qu’une seule solution, la céleste révolution. Si la terre tourne  aussi vite que la mayonnaise, nous devrions parvenir à coincer Monsieur Boum-Boum entre le premier Boum et le second.
— Permettez que je vous coupe en deux, Monsieur le Juge en chef. En tant qu’avocat Kiki, prince de la défense du Grand Inaccessible, qui de la montagne, qui du centre, qui de la plaine, qui de la droite et de l’extrême orient, qui de la gauche et du couchant, qui de la pluie et du soleil, qui du vélo électrique et de la voiture à pédales, en un mot comme en deux ou trois, qui du virage à droite et à gauche, qui du lacet de la chaussure, etc…
— Ah Kiki, viens que je te le serre après cette période si vertigineuse que quiconque n’était pas convaincu d’avance ne le sera pas d’après. D’après quoi, nul ne le sait, mais démonstration est faite que cette affaire est définitivement complexe.
— Permettez qu’à mon tour, en tant qu’Avocat Général de toutes les accusations, je vous communique le point de vue de la société humaine. Si le ciel n’était pas bleu, si Napoléon n’avait pas conquis La Roche-sur-yon, si les forêts n’étaient pas vertes comme l’œil du crocodile, si les notaires étaient fleuristes, si les si étaient un peu plus sûrs d’eux-mêmes, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Bien sûr nous en serions à demain, ce qui ne nous avancerait guère. La pendule sonne l’heure, le pendu est encore à l’heure d’hiver. Si vous voulez que la vie soit un peu meilleure, il va falloir que vous cessiez de découper les journalistes pour leur faire passer la douane dans du papier journal, il va falloir que vous vous passiez de tous les Monsieur Boum-Boum que vous avez engendrés dans vos cerveaux malades et trouillards, il va falloir que vous preniez un bon coup de rhum en dansant sur l’idée d’un amour réinventé. C’est tout le mal que je vous souhaite du fond de mon génie nocturne.
En effet, Minuit sonnait. 



                                                                        © pierre vandrepote                                             



Le Cyclope, Odilon Redon, 1914


lundi 20 avril 2020

Les mots n'appartiennent à personne




Dessin de Magritte pour les Poèmes d'E.L.T. Mesens
Le Terrain vague éd., 1959




























Les mots n’appartiennent à personne

Absolu

Édicule destiné à servir d’abri aux voyageurs à un point d’arrêt d’autobus, comportant généralement des panneaux publicitaires et, souvent, un téléphone public.
L’absolu aide à patienter sous la pluie, notamment en cas de gros orage. Il rappelle à l’être humain qu’il est toujours en voyage, que demain il ne sera plus là. Les panneaux publicitaires font de la réclame pour le ciel qu’il a peu de chances de traverser mais, levant les yeux, il lui est loisible de rêver toutes les couleurs du monde. Un téléphone lui permet de dialoguer avec l’inconnu moyennant une modeste redevance.
Rien ne ressemble plus à l’Absolu qu’un Abribus.

Anarchie

Crustacé marin ressemblant extérieurement à un mollusque en raison de sa coquille calcaire et vivant fixé aux bois flottants par un fort pédoncule.
L’anarchie préfère vivre en haute mer et se méfie spontanément de la basse terre. Solidement fixée par sa propre utopie dans les rêves de l’avenir, elle est une tendre rebelle nageant à travers le temps. Les hommes l’adorent, mais elle se laisse difficilement photographier.
Rien ne ressemble plus à l’anarchie que ce crustacé, l’anatife, qui vit sous l’eau la tête à l’envers dans un permanent décoiffé.

                                                              

Autour

Oiseau de proie diurne se nourrissant d’oiseaux et de petits mammifères.
Il ne faudrait surtout pas prendre l’autour pour un auvent, d’origine celtique, qui lui n’est qu’un petit toit généralement en appentis à la manière d’une casquette. L’autour perce l’air d’un œil large, fend l’espace, fond au vent. Si l’autour vaut le détour, le vautour ne vaut pas l’autour sous le vent.
Autour de l’autour il n’y a rien, sinon la terre qui tourne autour.


Avion

Poil qui pousse sur le menton, les joues de l’homme.
L’avion nous fait rêver d’une autre réalité, change le monde, notre visage, il rase le sol jusqu’à couper le fil qui nous retenait encore à la terre. Son coup d’aile n’appartient ni aux hommes ni aux oiseaux. Il repousse chaque jour la barbe du temps. Il est la seule machine volante inventée par l’homme qui, du coup, a créé une femme inimaginable,
l’hôtesse de l’air.


Débarcadère

Oscillation verticale d’un essieu par rapport au châssis, due à la fluidité de la suspension. Amplitude maximale du déplacement correspondant.
Le débarcadère fait généralement tourner la tête des jeunes hommes rêvant de la fille qu’ils attendent et qui, sans doute, ne viendra pas. Ils reviennent pourtant chaque soir, accueillant le bateau, dévisageant exagérément chaque visiteuse comme s’ils reconnaissaient son front. Le débarcadère est ainsi le lieu d’une attente infinie, dont chaque syllabe allonge le temps d’une vague supplémentaire.
Le mot « débarcadère » aurait pu être inventé par Julien Gracq s’il avait existé. Chacun sait que le célèbre écrivain s’appelait en fait Louis Poirier et qu’on n’a jamais trouvé trace d’un seul débarcadère construit en bois de poirier.


Journal

Bateau à fond plat, à dérive, muni de deux ou trois mâts et gréé de voiles de toile ou de natte raidies par des lattes en bambou, qui sert au transport ou à la pêche, en Extrême-Orient.
Le journal se déploie ainsi chaque jour pour apporter des nouvelles du monde et nous assurer de son existence. Comme nous sommes à peine éveillés à chaque fois qu’il paraît, on le consulte distraitement, parfois on le lit même, mais en ne le croyant qu’avec prudence comme le nuage qui passe au ciel. Intime, il nous transporte vers des lieux peu assurés. Il a tendance à fondre avec le temps.



Liberté

Reptile commun près des vieux murs, dans les bois, les prés. Ocellé, il peut atteindre soixante centimètres de long.
La liberté respire essentiellement en milieu humain pour être nommée. Elle se joue de toutes les situations, voire de tous les environnements. On peut considérer son invisibilité comme étant parfaite, pourtant sa transparence est d’une rare opacité. Même si sa dimension peut sembler minuscule, elle survit à tout milieu hostile. Son chemin, par nature, se perd très vite. Si la liberté ne pique pas, elle aiguillonne le désir. Elle a pour fétiche le lézard.


Soleil

Procédé de narration qui consiste à présenter sans transition des événements qui se déroulent au même moment en divers lieux.
La caractéristique essentielle du soleil est de ne pas être là quand il y est et de ne pas y être quand il y est effectivement. C’est justement parce qu’il est loin qu’on le voit et moins on le voit plus il est là. Sa narration paraît répétitive, d’où l’expression : rien de neuf sous le soleil. Il est un œil qui nous voit quand nous dormons, qui nous réveille pour endormir les autres. Le soleil de minuit est noir pour les aveugles, mais également pour les voyants. Comme toute figure de style, il nous cache le ciel. Invisible et toujours présent, son histoire ne saurait être écrite par les hommes.


Songe

Poisson des fonds rocheux des côtes méditerranéennes, à corps allongé comme l’anguille, très vorace et causant des morsures dangereuses.
Le songe appartient aussi bien au jour qu’à la nuit, à l’immense houle qu’aux steppes ou aux déserts. Il hante l’esprit des humains autant que les forêts et les lacs. Jamais un coup de dés ne l’abolira, c’est pourquoi la partie est sans fin. Attention toutefois, si le songe ne ment pas, il peut mordre et engendrer une blessure inguérissable. On l’appelle alors songe-murène.




                                                                                                                avril 2020 - P.V.