Le surréalisme après-guerre éclats et éclatements
La revue RIXES
En juin 1950 paraît le n° 1 et unique numéro de la revue Rixes, expression de la diversité, de la dissidence, mais aussi de la continuité des activités se réclamant du surréalisme après-guerre.
On notera l'apparition d'un nom assez nouveau dans cette mouvance, celui de Michel Butor avec un texte "Sur les procédés de Raymond Roussel".
Matta, 1950 |
Dans ce cahier qui ne manque pas de panache, il faut absolument lire le texte superbe de Georges Henein, grand poète d'origine copte, toujours prêt à en découdre avec tous les conformismes, dans la pose altière qui est naturellement la sienne. Pour le plaisir, je sélectionne quelques phrases de son article intitulé "L'Âge de pierre":
La pierre a sur l'homme l'avantage de couler à pic.
L'homme se débat.Se débattre, c'est marchander. Ainsi prend naissance l'Histoire, cette eau qui ne demandait qu'à dormir.
Le mot d'un philosophe du XIXè siècle : "un peuple qui en domine un autre ne saurait être libre lui-même" me paraît singulièrement s'appliquer aux entreprises individuelles et utilitaires de l'homme. Comment organiser le monde, comment asservir le réel, sans s'asservir dans le même temps aux moyens que l'on met en œuvre ?
Et pour donner ici la belle mesure du poète :
Un jour, la marée laissera à découvert d'étranges galets dont aucune philosophie ne voudra plus.
Et ce sera enfin Midi. L'heure de l'insoluble.
Asger Jorn, dessin |
Les liens de la revue Rixes avec les animateurs de "COBRA" sont notamment assurés par Christian Dotremont et Asger Jorn. Il s'agissait alors pour ces peintres et poètes d'inventer une sorte de "présent continu" leur permettant de surmonter les tristes ruptures d'un passé encore brûlant. Edouard Jaguer, qui bientôt créera la revue Phases, regarde bel et bien du côté d'un avenir proche. Mais ceci est une autre histoire sur laquelle je reviendrai bientôt.
Pierre Vandrepote
Pierre Vandrepote
Nous aimons les "étranges galets" de ce blog, qu'ils soient découverts par la marée, par les démons de midi ou par le poète lui-même.
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