dimanche 7 décembre 2014

PERAHIM, ta liberté est la nôtre









© Perahim, Le Futurologue, 1973, huile sur toile


 





Perahim est mort le deux mars deux mille huit à Paris.

Perahim est vivant à Strasbourg au musée d'art moderne et contemporain du 14 novembre 2014 au 1er mars 2015.

Perahim est vivant comme la liberté peut être vivante, même morte.



 
 
© Perahim  Triple saut, 1976, huile sur toile









Qui est Perahim ? Le créateur de l'alchi-peinture, des poissons volants, des oiseaux gonflables, des animaux fantasques qui ne sortent que la nuit, l'inventeur des seins des femmes, du dessin des oiseaux des femmes, du dessein impossible des histoires de l'homme et de la femme, des corps gainés d'humour à cheval au galop ou simplement au trot, de plumes inquiétantes et de becs peu conciliants, de mâchoires qui mordent, de mots qui tuent comme des flèches qui peuvent rentrer dans la gorge, de la géométrie illicite des êtres vivants selon le code des bonnes conduites, de la couleur gaie du monde quand on s'en distrait. Perahim pense que c'est possible, mais que ce n'est pas vraiment sûr. Prudent (il a beaucoup de raisons pour cela), il pense qu'on ne peut être sûr de rien. Par exemple, la vie, vous voyez, ou bien la mort. Vous avez tout à fait raison, ce n'est vraiment pas la même chose. C'est comme les arbres, ou bien les grenouilles. Ou bien un fauteuil dans le ciel. Ou bien des sphinx qui ressemblent à des haches.

 


 
© Perahim, Le Discours, 1978, huile sur toile








J'ai connu Perahim songeur. L'air parfois ironique et doux. Avec des yeux derrière les yeux. Je crois qu'il s'amusait tendrement de la façade des êtres et des choses. Humour malicieux, amour délicieux.
Je crois que c'était un homme qui avait à oublier. Le fascisme, le nazisme, le stalinisme, Perahim n'est passé à côté de rien. Aussi libre qu'on puisse être dans sa tête, on ne sort pas indemne de certaines traversées que même le sable déserte.









© Perahim, La traversée du désert, 1987, huile sur toile














Autoportrait autoporté de P. par P.

A cause de son profil médiéval il a été obligé de changer de religion
Les animaux amis l'ont suivi avec fidélité

Pendant ses loisirs elle s'occupe de l'élevage d'oiseaux carrés pour faciliter leur emballage

Son portrait est exposé dans toutes les écoles communales, gares, tribunaux, fabriques de timbres, orphelinats, élevages de lapins

Préparatifs en vue d'un lointain voyage à l'étranger en compagnie d'animaux empruntés

Heureusement nous avons tous assisté au congrès des statues citadines

La chèvre de l'histoire traverse un espace artificiel tout est dirigé contre la poésie aux effets hallucinatoires

                                              (in "La chronique de l'armoire")







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Perahénigmes


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De quel côté du réel la peinture de Perahim se met-elle soudain à briller ?

Nos doigts ne sont-ils que d'anciens oiseaux assagis ?

La peinture commence-t-elle là où finit notre regard ?

Quel mystérieux compagnon de l'homme se pose sur la terre quand nous dormons ?

Êtes-vous si sûrs de l'existence d'un individu qui se ferait appeler Perahim ?

L'avez-vous déjà croisé dans la rue ?

Quelle mer secrète traverse le poisson double dans votre dos ?

Pensez-vous que le tamanoir, à la bouche sans dents, à la langue effilée, finira par avaler toutes les fourmis de l'Histoire ?





 



© Perahim, Les rescapés du minotaure, 1990, huile sur toile





Les sarabandes qu'organise parfois le crayon de Perahim sont-elles d'origine persane, espagnole ou arabe ? 

Un homme est-il seulement un nuage ?

Une femme seulement une herbe folle ?

Pourquoi Perahim est-il l'auteur d'un petit livre rose, intitulé La Chronique de l'armoire ?

Si le monde devait finir un jour en papillon épinglé, Perahim le porterait-il à la boutonnière ?

                                                                      (Extrait)


                                                                         
 
© Perahim, Autoportrait, 1924, fusain sur papier (détail)






Les illustrations de ce blog proviennent du livre qu'Edouard Jaguer a consacré à Perahim aux éditions Arcane 17, 1990.


                                                                                                                  Pierre Vandrepote









3 commentaires:

  1. J'aime énormément la symbolique de ce peintre que, à ma grande honte, je ne connaissais pas. Merci de ma l'avoir fait découvrir.

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    1. Merci de votre intérêt. Depuis le début, je m'amuse de votre mystérieuse icône. Bonnes fêtes de fin d'année !

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  2. L'exposition qui lui est consacrée au MAMC de Strasbourg est tout simplement fabuleuse.
    Quelle belle découverte !

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