jeudi 26 juin 2014

Patrick Cottencin, un peintre au-delà de l'image.



Patrick Cottencin

Peintre





© Patrick Cottencin       




La peinture est faite pour ouvrir le regard. Le visible nous renseigne sur ce que nous ne voyons pas.



Rien n’est prémédité dans la peinture de Patrick Cottencin. Ce qui éclate sur la toile ne pouvait pas ne pas être. Ce qui fait la force et la justesse de son geste de peintre, c’est son objective spontanéité.

Patrick n’est pas un peintre figuratif. Il n’est pas un peintre abstrait. C’est un peintre du motif intérieur, ce qui ne l’empêche pas d’être un peintre d’aujourd’hui, même si son actualité à lui résiste de façon tout à fait surprenante au temps.




Patrick Cottencin,
un peintre au-delà de l’image



Il serait bon d’en finir avec cette approche qui consiste à ramener le tableau d’un peintre à la dimension de ce qu’on appelle, par réduction à l’esprit  d’analyse sociologique, une image. Il me semble que la peinture de Patrick Cottencin se prête à ce nettoyage de la pensée dans la mesure où ses toiles se regardent et sont vues dans l’axe d’une profondeur qui n’est pas si fréquente.

 
Habitués que nous sommes désormais à réduire la direction de notre regard d’une manière linéaire et superficielle, comme s’il ne s’agissait plus que de feuilleter le réel quotidien à la manière d’un gigantesque magazine de mode où toutes les images sont interchangeables, nous en sommes venus à l’idée que l’art se consomme à la même vitesse que le reste, au nom de la sacro-sainte “civilisation de l’image” que nous sommes  incapables d’interroger, de remettre en question.

Si on ajoute à cela que l’analyse universitaire a souvent prétendu soumettre l’art à une sorte de sémiologie généralisée, on constatera assez vite que le tour de passe-passe a abouti à un nivellement critique, faisant du tableau du peintre une réalité épuisable au même titre que n’importe quel concept rationnel. Une prétendue “abolition de l’art” n’a pas manqué de semer l’ultime zizanie, guérissant la maladie par la radicale suppression du malade! Or, c’est tout l’inverse qui est vrai, n’en déplaise à un certain nombre de spécialistes de “l’art contemporain” rendus aveugles par l’imagerie banalisante d’une société post-moderne qui ne sait plus après quoi elle court. L’inventivité spécifique à la peinture n’obéit pas du tout aux lois qui régissent les compositions d’images journalistiques ou photographiques. Ce n’est pas d’une question de valeur qu’il s’agit, mais d’un moyen autre, et d’une autre nature.

Sans le vouloir, Patrick Cottencin peint d’emblée des toiles qui n’ont aucun compte à rendre à une image préexistante. Nous sommes ici dans l’oeuvre, dans la création, dans le mouvement de la pensée et de la perception, dans l’espace premier du geste, dans l’intuition pure. 





© Patrick Cottencin









Il ne s’agit ni de peinture abstraite ni de reproduction, il s’agit de donner, aussi intact que possible, son propre sentiment du monde. Voici u n peintre qui n’est en rien “naturaliste”, et pourtant toute la force de la nature est dans sa peinture. Voici un peintre qui ne copie aucun modèle, de quelque ordre que ce soit, et qui pourtant peint le bonheur ou la rage d’exister, interroge le sens même de l’être, le sien et, par la même occasion, le nôtre. La peinture de Patrick n’est porteuse d’aucun message, sinon celui de sa propre sensibilité. On ne demande pas d’autre engagement à un peintre que celui d’élargir le sens de la beauté, ce qui est infiniment plus difficile qu’on veut bien croire.

Pour qu’un tableau puisse toucher celui qui le regarde, il faut que ce tableau  soit la manifestation d’un état singulier de l’être, qu’il nous apprenne quelque chose sur nous-même, sur les mystérieux rouages du réel. Il faut aussi, et même surtout, que le monde intérieur de l’artiste soit unique, que l’architecture de sa pensée picturale soit capable de dialoguer en direct avec les désirs informulés de chacun. En ce sens, on pourrait alors dire que le tableau est une image intérieure, objectivée et susceptible d’appartenir à tous.
Au début, ce qui m’a le plus surpris dans les toiles de Patrick Cottencin, c’est la géométrie simple à partir de laquelle il se plaît à ordonner les schémas d’une création par ailleurs exubérante, généreuse, aux formats imposants. Carrés, cercles, octogones pourraient sembler, dans un premier temps, isoler chaque tableau dans une forme préconçue, alors que chacun d’eux constitue une fresque qui ne demande qu’à se déployer à l’infini. Du même coup, l’unité secrète des toiles surprend d’autant que l’effet visuel est scandé selon des rythmes peu habituels. Tout se passe comme si chaque tableau contenait en latence tous les autres, comme si leur jaillissement était perpétuel, comme si l’un était germe de l’autre, naissance—explosion de la matière.

La peinture de Patrick est en effet le plus souvent faite de ces jaillissements de formes obéissant à une organisation sans doute inconsciente, mais porteuse d’un ordre qui ressemble étrangement à celui de la nature, à celui des invisibles cosmogonies qui nous régissent sans même que nous ayons la possibilité de nous en rendre compte. Ces jaillissements éblouis par leur propre innocence sont comme autant de structures de sens en devenir. Cette force, c’est justement leur beauté, leur justification d’être, sans autre nécessité.





© Patrick Cottencin (collection particulière)








A l’image, si on veut, de la mystérieuse puissance de la nature dont le sens des fins dernières nous échappe en un ultime prodige.
                                                                                        Texte de Pierre Vandrepote





1 commentaire:

  1. Ce qui me frappe, c'est ce qui m'échappe.
    Ce que je n'attendais pas et que je découvre.
    C'est ce que je vis au quotidien, la rencontre des formes et des couleurs.
    C'est ce que je lis dans ton écriture à en retenir mon souffle.

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