Prise directe
Piero di Cosimo - Scène de chasse (détail)
« Je sais que des feux vont venir, des feux au-delà du feu, sans trace, et plus inquiétants que les bûchers. Car derrière nos spectres familiers, convenus, il y a d’autres spectres, informulables, sans raison, autonomes, capables de rivaliser avec nos plus grandes absences, et forts de leur incertitude à exister. Feux et spectres s’allieront au désastre. »
Christian Hibon
Avant toute chose
Éditions Monplaisir , 2012
Sommes-nous encore des individus vivant dans la tribu collective ?
Sommes-nous désormais des individus si atomisés que nous avons perdu le sens de tout vivre ensemble ?
La poésie désespérément jette ses ponts entre chaque silence, chaque solitude, chaque propriété inviolable, mais personne n’entend le cri du sable, le bruissement des langues dans la langue, le bourdonnement des peurs abandonnées au bas-côté des routes interdites.
Une femme tente de rejoindre son propre rêve au cœur de la forêt, mais peut-être ne sait-elle plus trop ce que c’est qu’aimer. Un homme déambule dans les rues déchirées d’une ville qu’il connaît mal, ses pas n’y inscrivent aucune empreinte.
Bribes d’une histoire défaite, méconnaissable. Temps trahi, usé par ses propres contradictions. Que devons-nous réinventer au prix du sang des êtres et des choses ?
Combien d’interrogations pleurent retenues dans les serrures du vent ? Les étoiles ne sacrifient rien à la nuit, c’est leur seule raison de briller. A nous maintenant de retrouver l’équation de nos chances toujours changeantes.
Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne cahote que dans les vieux chemins. Chacun le reconnaît à sa face grise. Le jeu du monde se joue à l’ombre de nos yeux, au plein soleil des désirs.
Ris et le rire sera.
Quand plus personne ne croit à la puissance ordonnatrice du beau, chante et se déploiera le faste de la vie nouvelle.
Pierre Vandrepote
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